J'ai revu hier, par hasard, le merveilleux film de Téchiné : Les roseaux sauvages. Le film devait avoir commencé depuis un quart d'heures, peut-être, qu'importe, j'ai nullement boudé mon plaisir.

C'est incroyable combien ce film peut paraitre juste et touchant. Léger aussi, malgré le contexte socio-économique des années 60; l'insouciance des yéyés mais aussi la guerre d'Algérie. L'histoire en gros relate la dernière année de lycée d'adolescents qui vont être confrontés à des choix scellant à tout jamais leur passage à l'Age adulte.

Il y a François (Gaël Morel) le littéraire, le garçon sensible et fragile qui finira par assumer son homosexualité.

Il y a Serge (Stéphane rideau) le fils de métayers d'origine italienne qui va devoir assumer la perte de son frère tué par les gens de l'OAS.

Il y a Maïté (Elodie Bouchez) la fille de la prof de français, meilleure amie de François, confidente et amoureuse en secret de lui.

Enfin, il y a Henri (Frédéric Gorny) le fils de pieds-noirs aigri et désabusé, le plus agé aussi.

L'action se passe dans la campagne riante et verdoyante du Sud-ouest, une nature jamais hostile, et finalement un personnage à part entière, celui d'être le témoin privilégié de leur histoire. La nature impose son rythme, sa musique et d'une certaine façon les protège.

Finalement, ce qui rend ce film si attachant, c'est le jeu approximatif des jeunes acteurs. Gaël Morel a une voix hésitante, chevrotante qui oscille entre personnage truffaldien et n'importe quoi.

Elodie Bouchez et Frédéric Gorny ont l'air de réciter leur texte. Stéphane Rideau est peut-être le plus juste, son regard et son attitude étant plus en phase avec les scènes jouées. Ce mec a un charme fou et ce n'est pas objectif.

Le charme d'ailleurs agit sur tous les personnages, bon gré mal gré.

Inutile de s'apesantir sur le fait que le film contient de larges éléments autobiographiques car il me semble que n'importe quel pédé y a vu aussi un reflet de sa propre adolescence.

Moi aussi, j'ai connu un Serge, une Maïté et un Henri.