Il y a des lectures qui vous marquent à vie. On n'en sort jamais vraiment indemme. L'écriture est tellement puissante, tellement parfaite dans ses imperfections, qu'on ne peut plus imaginer vivre sans elle. Il y a des mots qui vous accompagnent pendant une période de votre existence et qui définissent exactement ce que vous ressentez alors. Des mots simples, souvent. Des jolis mots. Des mots qui font rire et des mots qui font pleurer.

Il ya une ou deux semaines, je zappais par hasard sur Paris Première et je suis tombé sur une émission animée par Arianne Massenet, où l'invitée était François Hardy assise sur un canapé d'une suite du Crillon. Le but de l'émission, je crois, était de la faire interviewer par des gens dont elle se sentait proche ou qu'elle souhaitait rencontrer. Lorsque j'ai zappé, elle était avec un écrivain dont je ne me rappelle plus le nom et elle faisait la lecture d'un passage de "l'amant" de Duras. Comme prévu, elle a commencé par avoir des gros sanglots dans la voix et finit par s'exclamer : "Désolé, je ne peux pas continuer".

Evidemment. Ce passage est très fort. Deux ou trois phrases qui renvoient simplement à ce qu'on a souvent connu. L'amour impossible, l'amour passion. La plus belle forme de l'amour en quelques sortes.

J'ai été très touché par son attitude.

Bizarrement, j'ai fait la connaissance de l'oeuvre de Duras, moi aussi, à des moments extrêmes. J'étais tombé amoureux et je sortais avec un mec très beau de 10 ans mon ainé, un brun aux yeux bleux magnifiques. C'était ma première vraie love story homo, j'avais 19 ans.

Cet amour, n'a pas duré longtemps, quelques mois tout au plus, pourtant il a duré une éternité pour moi. Faut dire aussi que c'était le premier.
Lorsqu'il m'a largué. Un truc auquel je n'étais pas vraiment habitué, (s'habitue-t-on jamais à rompre en rencontrant son successeur d'ailleurs ?) je me suis dirigé, par hasard, vers l'oeuvre de Duras parce que Pablo Rouy sur Fréquence Gay en disait du bien et que j'adorais écouter Pablo le soir dans mon lit. Mon premier Duras a été "le ravissement de Lol V. Stein" J'étais séduit par ce style inimitable, ses jolis mots et parfois ses silences qui disent beaucoup plus que des mots. En plus, ça me parlait cette histoire du deuil de cet amour.

Je me suis alors imaginé en dépression et j'ai continué de lire du Duras. J'ai fait la connaissance de Christophe P , toujours brun aux yeux bleus mi-viet mi blanc, un brun racé en fin de compte. Evidemment, j'aimais Christophe encore plus que Francis. C'est sûr, c'était lui, c'était le bon.

A l'issue de la rupture, trois mois après, autant dire une deuxième éternité, je suis devenu rapidement une petite salope avide de sexe. Sex, sex, sex. Je me faisais un mec le vendredi soir, le samedi soir et le dimanche soir. En boite uniquement. Au Palace surtout. Cette période a duré approximativement un gros long hiver. Entre celui juste dans les chiottes et celui juste pour la nuit, j'essayais d'oublier Christophe et j'essayais d'oublier que j'avais tiré un trait sur mes études pour qu'il ne me jette pas, que je ne sois pas une charge pour lui. Je voulais être son égal, gagner de l'argent et ramener une baguette le soir avant de rentrer chez nous. Evidemment, je l'avais bel et bien perdu en même temps que je me retrouvais dans une sacré merde.

Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma putain de vie ?

En attendant de trouver la réponse, j'ai beaucoup chouiné avec Marguerite. Elle et moi, on finissait par réellement s'apprécier. Inséparables. Je ne lisais plus qu'elle.

Tout ça pour dire que j'ai acheté une semi-intégrale de Sagan ! Ca n'a aucun sens.
C'est même pas drôle, je n'ai même pas eu le temps de parler de ma rencontre avec Olivier.

J'aime encore et toujours les drogués et les alcoolos, ils m'ont été d'un grand réconfort lorsque j'en ai eu le plus besoin.