Tarnation (Jonathan Caouette) (2003)

j'en avais entendu un peu parlé par des gens qui m'inspiraient moyennement confiance comme John Cameron Mitchel qui donnait le mois dernier une interview pour le mensuel têtu. C'est un type connu notamment pour s'être mis en scène dans "Hedwig and the Angry Inch", une sombre merde qui m'avait ennuyé à mourir d'ennui.
Un petit mot d'elle sur son blog et j'ai foncé.
Ce soir, ugc cité ciné les halles 18h30, en VO et seul.
Ce film amène beaucoup de questions, il en pose un certain nombre et n'y répond jamais.
En gros, l'histoire, c'est la *vraie* vie de l'auteur retracée grace à des montages photographiques et d'un certain nombre de films super-8. Lui, sa vie, sa mère à moitié folle le cerveau cramé par des électrochocs depuis qu'elle est ado, ses grands-parents un peu zarb qui l'élèvent à la place de sa mère, lui et ses amours masculines, lui et son gôut pour la représentation, lui et sa propension à raconter des histoires, lui et la recherche de la vérité.
J'avais écrit déjà à propos des "real TV shows" et j'avais envisagé l'hypothèse que les américains ont quelques longueurs d'avance sur nous dans leur façon de se représenter à l'écran (just watch MTV fucking bordel !). Je crois bien que cette idée atteint son paroxysme dans ce film. Faut dire aussi que le gosse a vraiment de la matière dans sa vie de tous les jours et qu'il manie la caméra depuis qu'il a dix ou onze ans. Et pourtant, le film se révèle être incroyablement beau, me plongeant dans un malaise stressant parfois (la scène de la mère, le montage du début et les commentaires qui tranchent de façon surprenante avec la musique très "american way of life") pour mieux rebondir sur un gros plan photographique et génique de Jonathan façon Nan Goldin. J'ai beaucoup pensé à elle pendant ce film. Pour ne rien gacher, il a même un faux air de Robbie Williams. Si je dis en plus que la bande son est très très chouette, que je n'avais pas vu un film aussi intéressant depuis... "Gerry" de Gus Van Sant, lui même étant le producteur exécutif du film (m'étonne pas), ben évidemment, c'est le film à voir, et c'est un film qui reste longtemps à l'intérieur.