Notre histoire commence en 1974. J’allais avoir 6 ans. C’est pendant cet été qu’on peut entendre « la déclaration » un peu partout sur les radios périphériques. Berger impose son style et toi, tu imposes déjà cette voix douce teintée de mélancolie.
Il faut attendre 1976 pour écouter le premier album. De « Comment lui dire » à « Samba mambo » en passant par « ce soir, je ne dors pas » ton truc, c’est toujours d’avoir une voix cristalline claire ou susurrée et déjà avec la « chanson d’une terrienne », on perçoit l’humanité un peu naïve (la guerre c’est mal, blablabla …), on ne sait pas encore qu’il y aura des combats à mener, que ces paroles n’étaient pas vaines et que ton engagement sera total.
1977, l’album « Dancing Disco ». Le choc. Alors qu’on s’apprête à entrer dans l’ère du disco, la chanson « Musique » nous rappelle qu’elle se partage qu’elle s’échange alors qu’on commençait à dire que le Disco était la danse du « chacun pour soi ». Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette chanson sans revoir des images de NYC, de Fame, de gens qui dansent dans la rue et me rappeler que la K7 passait en boucle dans la toute récente R5 de mon oncle qui venait d'avoir son permis, ça sentait fort les craven A et j’adorais ça.
1980, « Paris-France ». Le tube « il jouait du piano debout » passe sur toutes les radios, alors que Michel Berger chante la « groupie du pianiste ». Cette période, l’entrée en 5ème, sera pour moi la fin d’une enfance et donc le début d’une adolescence assez perturbée. Je retiens à l’époque deux chansons de cet album : « plus haut » et « Bébé, comme la vie », face B du « il jouait du piano debout » que j’ai écouté beaucoup plus que la face A.
1981-1984-1987 « tout pour la musique », « débranche » et « Babacar ». Même, si je connais la plupart de toutes les chansons par cœur, ça n’est pas la période qui m’a le plus intéressée. Tu es devenue la plus grande chanteuse de cette décennie. Incontournable. Ton engagement pour les causes humanitaires est total et ça n’est pas un vain mot. La moitié des chansons de ces albums est connue par la France entière. Je retiens de ces années là « Calypso », « j’ai besoin de vous » et « c’est bon que tu sois là » plus confidentielles et d’efficaces tire-larmes en de maintes occasions… C’est ça ton truc. Avec toi, on a beaucoup ri, on a eu du beau temps, on s’est ému, mais on a beaucoup pleuré aussi, tellement pleuré.
En 1992, l’album « double jeu » signe ta dernière collaboration avec Michel Berger. Je n’ai jamais vraiment écouté sérieusement cet album. Il faudrait que je le fasse maintenant.
En 1997, tu quittes la scène après un ultime tour de piste, tu n’as même pas 50 ans. On te revoit, très peu, pour le lancement de la comédie musicale « Résiste ». On était déjà un peu habitué à ne plus te voir et pourtant, ta disparition emporte avec toi définitivement une part intime de chacun de nous, des petits moments liés à l’enfance ou à la vie d’adulte, des petits riens qui rendaient le quotidien plus supportable, plus gai ou plus triste, c’est selon.
Comme comme bébé comme la vie
Passe vite avec ses amis
C'est l'heure de dire bonjour
Comment ça va
Et c'est fini déjà.
A plus, France.