Ca faisait au moins une semaine qu'il m'en parlait, du petit WE qu'il m'avait préparé sans les enfants. Comme on n'en a pas, en fait, c'est toujours un petit WE sans les enfants. Au moins, si le WE eût été pourri, il y a toujours une consolation. Oui, mais au moins on n'avait pas les enfants.

En général, je les sens toujours à 10 mètres ces petits WE. Mais là , rien. Mon nez m'aurait-il lâché ? Je me suis donc amusé à chercher l'endroit où il pouvait m'emmener. Oh ! mais quel mystère ! Il a même acheté le guide rouge Michelin. Y-aurait-il un rapport de cause à effet ? Et je me suis mis à délirer sur les relais-châteaux en Bourgogne, un festival de musique baroque dans une église, enfin bref le vrai cadeau romantique à 200 km de Paris. Oui c'est à 200 km de Paris. Maigre indication n'est-ce pas ? Y'en a des trucs à faire à 200 km autour de Paris. Enfin au sud de Paris c'est sûr y'en a. Des relais-châteaux avec des lits à Baldaquins des repas aux chandelles. Celui qui dit que j'ai des goûts de pétasse, je le claque.

Et un soir, il a lâché le morceau :
- Vendredi, on va à Dieppe.
- Où ça ? Dans le nord ?
- Oui enfin, c'est la Haute Normandie.

Pour moi, Dieppe, Dunkerque c'est du pareil au même, de toutes manières, j'ai toujours été nul en Géo.

-On va dans un relais-château ? Ai-je demandé les yeux tout écarquillés croyant encore dur comme fer au dernier petit bout de mon rêve qui s'en allait telle ma fumée de cigarette qui s'échappe pour vivre son destin de fumée de cigarette.

-Dans un hôtel Ibis, je voulais un Campanil mais le site était planté.

Ben heureusement qu'il en parle parce que j'aurais eu l'air idiot avec mon fourreau St Laurent, déjà qu'avec des bottes en caoutchouc et un ciré c'est pas facile à porter ces choses là .

Bon, c'est sûr, un Ibis c'est pas un SOFITEL, mais dans mon jeune temps, il y a environs douze ans, on allait encore au Formule un.
On est vachement monté en gamme : 2 étoiles. Et puis, c'est bien l'Ibis, il y a toujours 30 cm autour du lit au cas où l'on voudrait jouer à chat . Et l'Ibis de la zone industrielle de Dieppe, je ne sais pas vous, mais moi, j'y vois que du bonheur en perspective.

Vendredi 2 Août 17h00 pétante. Olivier vient me chercher au travail. 1 heure pour sortir de Paris. Paris Beauvais, Beauvais des patelins, des patelins Dieppe. 20h00, on y est.

- T'as pris un pull ? Ca caille un peu non ?

On dépose les valises, on se change pour aller dîner et vroum 20h45 centre-ville de Dieppe. Le petit port de plaisance, le café d'Oscar Wilde. Mais c'est drôlement mignon Dieppe. J'ai cru que ça allait être le Havre . Et c'est là qu'on commence à chercher un restaurant. La marmite Dieppoise fait l'affaire et c'est noté 2 fourchettes au Michelin. Il y a du monde, dans ce resto, c'est plein. C'est rassurant.

Et l'on y mange fort bien. Soupe de poisson, filet de julienne au choux, tarte au pommes et Calvados, un peu de vin. Des cafés ? Non merci l'addition. La Josée Dayan du resto, elle nous les avait déjà comptés les cafés. Faut pas déconner, non, j'en prends jamais du café le soir.

Puis vint, la petite promenade digestive, visite de la grande plage de galets et retour dans notre hôtel préféré à 5 km du centre ville. Je me suis endormi devant des variétoches à la con. Keren Ann, ça fait dormir non ? Aussi chiant que du Henri Salvador.

Samedi 3 Août 2002. 8h30.

Réveil en fanfare. LCI, je m'habille vite fait, parce que moi, je me lave après le petit déjeuner, cherchez pas c'est une habitude. Donc, petit déjeuner rapide, y'a plein de femmes inquiétantes avec des tatouages partout genre " mon mec à moi, il me parle des voitures et si t'es pas de ma bande j'te donne un coup de pieds comme Catherine Lara. ". T'as raison chérie t'es super féminine comme ça Et retour dans la chambre. Je prends une douche, je me rase et décide de m'habiller avec des vêtements propres, fonctionnels et chaud. Pantacourt rouge, dont la toile est cirée ce qui permet en cas d'averse de sécher vite. Tee-shirt blanc Pull Dolce & Gabbana Rouge. Veste Jean cintrée Dolce & Gabbana bleue acier. Chaussettes blanches et les chaussures et je serai le parfait petit chaperon rouge égaré du merveilleux monde de Tarlouzeland.

- Oh non ! Oooooooliiiiiiiivieeeer !!!!!!! (je hurle), j'ai pris deux fois le même pied de baskets différentes. 2 pieds gauches. Oh non, moi qui voulait m'acheter la super paire de gazelle Addidas dont je rêve depuis au moins avant les vacances, et ben, il va falloir aller l'acheter. C'est trop con !

Pour faire péter la carte bleue en conneries, je suis le meilleur.

- Y'a bien un décathlon à côté, mais on verra bien en ville, t'en trouveras bien en Soldes. C'est toujours les soldes ici non ?

Ouaich. P'têt bien.

On est donc parti pour le centre ville où le samedi c'est marché. Et j'adore ça les marchés moi, surtout en Province, ça me rappelle toujours quand j'étais petit avec ma mémé et qu'on allait au marché de Montpont en Dordogne. Elle m'achetait toujours des pochettes de pif gadget, pifou etc etc.. Evidemment, Olivier ramène un pot de miel artisanal, comme d'hab. Et moi, je recherche mes Addidas. Alors en solde y'avait du 4,5. Le vendeur très malin m'a dit " Monsieur, vous êtes dans le rayon des juniors là " Ben oui, je vois j'chuis pas con.

Sinon, dans un autre magasin, y'avait des gazelles avec des rayures roses Barbie ou Bleu Schtroumph. Forcément, un signe ostentatoire supplémentaire de ma gaytitude clairement affichée. Le problème, c'est que ça ne va pas avec tout.
Finalement j'ai rien trouvé.

Furieux, le soir je suis quand même allé au Décathlon à côté de l'Hôtel. Seul. Et ben j'ai rien trouvé non plus. En Addidas. Mais par contre ami lecteur, je me suis acheté une super chouette paire de New Balance au cas où je voudrais courir. Un bas de pantalon de jogging blanc cassé Sergio Tacchini. Un super chouette Sweat-shirt Champions Bleu marine et plein de tee-shirts blanc taille M pour mettre en valeur mon joli poitrail. Amis du neuf-trois, je suis votre nouvel ami. Et Naomi Klein, je t'emmerde.

Finalement, la fin du Week-end c'est super bien passée. Bon c'est vrai, il pleut souvent. Mais qu'est-ce qu'on bouffe bien.
Faudrait p'têt que je fasse du sport moi.