J'avais momentanément déposé les armes de destruction massives que j'utilisais parfois, ces temps-ci, de façon excessive. J'avais juste envie d'être heureux. Olivier revenait sur Paris ce Week-End, en voiture, cas suffisamment rare pour être signalé.
Nouvel heureux locataire d'un appartement sur Montpellier, il revenait ici pour me voir évidemment, mais aussi pour commencer à reprendre ses affaires. J'ai fait mine de ne pas être affecté. Du style "Hey, ta petite table de Bangkok qui se casse tout le temps la gueule, tu ne veux pas la reprendre ? Et ton tapis d'Iran ? Non pas celui là , le moche,le rouge ?" etc etc... J'avais l'air de très très bonne composition. En fait, derrière son dos j'essayais de remettre des trucs qu'il avait "injustement" pris : un couteau ... des babioles. Je lui filais ma vieille télé Philips, 55 cm, tube cathodique, m'étant acheté, entre temps, une super télé 82 cm, écran plat, LCD, son surround bref la télé de beauf par excellence. A chaque fois qu'il voulait un truc qui m'appartenait, ma réponse ne se faisait jamais attendre : "M'en fous j'm'en achèterai un mieux chez Jean-Paul Gaultier" Je ne pense pas qu'il ait cru une seconde que JPG faisait des grille-pains. Cette séparation de biens était relativement douloureuse finalement. Elle me mettait devant l'évidence. Ca ne sera jamais plus comme avant. Comme avant où notre appart recevait toutes les influences cosmopolites des différents voyages qu'on avait fait. Comme avant, lorsqu'on faisait des latinos parties dans notre salle à manger jaune saffran. Et pourtant, je continue d'avoir confiance dans notre couple agé de bientôt 15 ans (le 29 avril).
Cette division me rappelle seulement qu'à force de diviser en deux notre passé, je risque de plus facilement le perdre dans un futur proche. Je manque de préparation sur ce coup là , évidemment. J'éviterai alors soigneusement les larmoiements. Je sais que serai coupable de son départ, de son éloignement. Je sais que je ne me remettrai jamais de sa perte. Je sais qu'il est celui que j'ai draguouillé un soir après minuit au 'club' à une période où les boites fermaient très tôt (c'est arrivé !), je sais qu'il est celui qui disait que le numéro de téléphone que je lui filais (celui de mes parents à l'époque, j'avais 21 ans) n'était pas celui de mes parents mais était en fait celui d'Europe 1 pour ne pas qu'il me rappelle !!! Je sais que j'ai été fou amoureux de lui. voilà , Olivier, je ne sais pas de quoi est fait notre futur, mais je sais que pendant quelques années, tu m'as rendu heureux. (à suivre).